mardi 5 avril 2011

Le Mexique de Florence Cassez, suite. Ripoux sous sombrero, Kafka ou un scénar comique, au choix.

Entre la peur et la faim, les policiers aussi !
La police au Mexique, quelques anecdotes dignes de Kafka (lien)


C'est un mexicain à double nationalité qui parle, vous allez voir, c'est impressionnant (voir le lien) "Quand on vit ici, on se dit souvent que la seule solution serait que les gens prennent eux-mêmes leur sécurité en main. Et pourtant le Mexique compte un nombre impressionnant de policiers ainsi que 7 départements de sécurité interne différents (seule la Palestine en a plus). Jusqu'il y a une dizaine d'années, le pays ne permettant aucune critique du gouvernement, à l'instar de tous les régimes comparables, il employait des policiers en nombre. (Question : sont-ce les mêmes actuellement?)

Mais extrêmement mal payés, ne recevant souvent pas leurs uniformes (ce point a changé depuis) presque aucun entraînement, devant payer leur arme de service, gilet pare-balles ainsi que leur carnet de contraventions, pour survivre, ils se sont logiquement tournés vers les "à côtés". Comment ? Facile. Ils choisissent des endroits à l'abri des regards pour arrêter les voitures, repèrent la plus chère (se gardant de cravater les gens susceptibles de faire partie du gouvernement où d'avoir de l'influence politique) étrangère ou d'un autre état (les plaques sont différentes), cibles de choix... prétextent le non respect de quelque norme du code, existante ou non, assurent au chauffeur qu'il devra payer une amende (muelta) astronomique (entre 100 et 300 euros) etc et le tour est joué: celui-ci demande un arrangement, négocie. S'il est habile, le backshish (mordita) sera de 5 à 50 euros et barka. Le policier lui donnera alors un code (!) pour que si jamais il se fait arrêter plus loin, un autre flic ne lui réclame pas d'amende (mais il se peut qu'il en exige une plus importante encore sachant qu'il est  solvable). Ndlr : comme dans les boîtes de nuit où on vous tamponne le poignet pour indiquer que vous avez bien payé l'entrée? 

Deux amis revenaient de Mexico City pour Cholula quand ils se firent arrêter (avoir des plaques le l'état de Puebla fait de vous une cible à Mexico City).  Prétextant une faute de conduite, le policier réclama plusieurs centaines d'euros mais après une longue négociation, consentit à lâcher l'affaire pour 50 €. Les deux amis ne les avaient pas mais comme par hasard, le flic les avait arrêtés tout près d'un distributeur. En allant chercher l'argent, ils passent à côté de deux types en train de se battre, un tenant un couteau.  Le policier continue son chemin en disant : "c'est un pays dangereux, le Mexique!"

 
Que peut faire un automobiliste arrêté par un policier ?

1 Il peut s'enfuir, mais l'autre préviendra ses amis qui le rattraperont, le tabasseront, lui voleront son argent et abîmeront sa voiture. Que peut-il faire, porter plainte chez ces mêmes policiers?


2 Il peut demander de payer la contravention. Mais les policiers n'ont que rarement leurs papiers d'amendes sur eux. Il se peut qu'on le laisse partir sans rien payer mais c'est un risque.

3 Un des livres les plus vendus au Mexique est le code de la route de tous les états, réédité plusieurs fois par an ! Si le prétexte du policier est fallacieux (on n'a pas tel autocollant de circulation, la révision date de plus de 6 mois etc) on peut le vérifier avec le livre, mais il risque de se sentir insulté et sa réaction peut être imprévisible: laisser partir et prévenir ses amis, (aïe) ou prétendre vous arrêter pour autre chose encore...

4 On peut demander d'aller au commissariat payer l'amende mais il pourra s'y trouver un policier blessé qui jurera que c'est vous qui l'avez attaqué. Loufoque, mais leur impunité est telle que la vraisemblance est le cadet de leur souci, ainsi Jacinta, une frêle paysanne analphabète....
... fut-elle emprisonnée pour avoir "kidnappé" -seule, sans armes- rien moins que 6 flics (!) et le fils de José Antonio Ortega, avocat spécialisé dans la lutte anti corruption, lui, fut accusé d'être le chef d'un gang -trafic de drogue et proxénétisme- accusation cependant suivie de relaxe, le cas est très rare, car le redoutable était... trisomique!! (Ils ne s'étaient pas bien renseignés.)

5 Invoquer qu'en tant qu'étranger ce ne sont pas les policiers ou gendarmes qui peuvent nous faire payer d'amende mais des judiciales, la police du ministère de la justice (la hacienda). Mais il se peut que les policiers aient des "amis" parmi eux, dont l'un viendra confirmer l'amende... et comme en plus vous aurez mis en doute son autorité, le flic vous fera payer plus (car il devra partager avec son ami).

6 Faire l'imbécile, comme si on ne comprenait pas qu'un backchish est requis. C'est ce qu'a fait un ami, qui n'a pas arrêté de s'excuser et de promettre qu'il ne recommencerait plus, le policier s'est un peu énervé, se disant qu'il ne comprenait pas qu'il voulait un pot de vin et à laissé tomber, les étrangers ne comprennent rien au Mexique...

7 On peut aussi faire comme si on faisait partie d'une société proche du gouvernement comme Telmex (téléphones), Pemex (essence) ou encore travaillant dans un poste élevé. Cela peut faire peur au policier qui ne tient pas à être connu par le gouvernement. Mais il faut être très convainquant.

Plus grave, ce sont souvent les policiers qui sont derrière les crimes par exemple les kidnappings, les vols ou les trafics de drogue, d'armes...  Si quelqu'un de bien placé se fait voler sa voiture, celle-ci réapparaîtra le lendemain. Par contre, aucun des criminels, les voleurs, des kidnappeurs ou des trafiquants ne sera arrêté.



Bien des choses ont été tentées. On a créé des départements de polices séparés en charge de la corruption au sein de la police, mais ceux-ci sont vite devenus les "amis" des policiers etc.. On a aussi créé un département directement sous l'autorité du président, mais rebelote.  On a récemment augmenté leurs salaires et offert les uniformes, mais l'effet n'est pas très visible; de plus, il n'est pas sûr qu'il soit bon qu'ils aient plus d'autorité et de pouvoir. A Puebla, les policiers n'ont plus le droit de donner d'amende, mais si le délit est important, ils ont celui d'embarquer la voiture au commissariat. Ils ne peuvent donc qu'admonester le conducteur mais aussi le menacer de la perte de sa voiture s'il ne paye pas de pot de vin! Augmenter le nombre de femmes dans la police a fonctionné : il y eut alors une augmentation des amendes donc une réduction des pots de vins payés à la place. Certains policiers ont été entraînés par des forces de polices étrangères (israéliennes notamment) ou invités à l'étranger (New York, Toronto...) pour voir comment travaillent leurs collègues (espérons que ce n'est pas l'inverse qui s'est passé!) On a aussi installé des caméras dans des voitures pour surveiller les policiers ou encore des faux automobilistes pour tester leur honnêteté. Mais souvent, le ripoux va proposer un pot de vin au flic qui l'a pris en flag... ou c'est l'autre qui le lui demande...

L'unique solution qu'ont trouvée les mexicains riches, certains comités de quartier et le gouvernement sont des agences de sécurité privées, industries florissantes... mais souvent reliée aux flics et aux gangs... qui les pourvoient : la peur qu'ils suscitent tous deux est souvent entretenue par ou pour les "pro" de la sécurité privés dont elle est le fond de commerce! comme les informaticiens qui introduisent de nouveaux virus pour pouvoir vendre l'antivirus correspondant déjà tout prêt.. Il ne faut pas s'étonner que ces deux "corps de métiers" (dont l'un est censé nous garder de l'autre!) soient  en fait proches ou même indissociablement liés. " Voir le site franco anglais (lien). Ripoux sous sombrero.

Voir aussi les liens particuliers de Sarko-frères avec un labo à médicaments comme Sanofi dont une usine à quelques milliard d' € est  installée au Mexique (lien) tout se tient... et le blog sur les médicaments à éviter (lien) ... entre autres ! (Lien)
Suite sur http://florencecassez.blogspot.com

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